Le patrimoine naturel terrestre

Expiré

L’étagement de la végétation et donc des espaces naturels terrestres se fait en fonction de l’altitude dans laquelle évoluent température, humidité et exposition aux vents dominants en saison humide et sèche.
Cet étagement diffère pour chacune des régions au vent (au nord-ouest du Bénara) et sous le vent (au Sud et à l’est du Bénara).

Ainsi, Mayotte comporte 5 principaux étages de végétation répartis ainsi :

  • Etage littoral correspondant aux plages de sable, de galets, aux côtes rocheuses, aux mangroves. Il se caractérise par une flore à large répartition, peu d’espèces purement halophiles (sauf en Petite Terre) et une faible diversité floristique ;
  • Etage sub-humide avec des précipitations inférieures à 1 300 mm, caractérisé par des types foliaires caducifoliés à tendance semi-xérophile ;
  • Etage mésohumide correspondant à une zone de transition humide/subhumide avec un mélange d’espèces caducifoliée et sempervirentes. Il présente des particularités floristiques propres ;
  • Etage humide au-dessus de 300 m avec une pluviosité supérieure à 1 600 mm. Il se caractérise par une structure typique de forêt humide avec des essences sempervirentes très diversifiées (prédominance des arbres et des lianes) ;
  • Etage sub-montagnard à caractère néphéliphile et mésotherme, au-dessus de 550 - 600 m avec une pluviosité annuelle supérieure à 2 000 mm. Cette zone se caractérise par une présence de manchons de bryophytes et de lichens et une flore riche en ptéridophytes et en orchidées épiphytes.

Doc 1 Etagement vegetation Mayotte

Concernant les espèces végétales, l’île dispose d’une flore variée, avec plus de 1 300 espèces vasculaires dont 57% d’espèces indigènes et entre 5 à 10% d’espèces d’endémiques. Mayotte figure parmi les îles les plus riches au monde en nombre d'espèces par unité de surface. Elle compte plus de 200 espèces de plantes ligneuses (arbres, arbustes) dont de nombreuses espèces endémiques. Prés d'une espèce indigène sur deux est considérée comme menacée selon la liste rouge de l'UICN.

La faune terrestre mahoraise est constituée de nombreux mammifères terrestres dont les plus connus sont la roussette, le lémurien appelé communément «maki », et les oiseaux (plus de 130 espèces) dont le Crabier Blanc, menacé d’extinction au niveau mondial. De nombreuses espèces indigènes de reptiles, deux espèces de batraciens et d'insectes font aussi la diversité locale.
Doc 2 Crabier blanc

I. Les forêts

Mayotte compte 10 792 ha de terrains présentant un couvert forestier (incluant les systèmes agroforestiers). Néanmoins, le véritable couvert boisé « naturel » est observé presque exclusivement au sein des forêts publiques et dans les mangroves, le reste des surfaces forestières étant disséminé sur toute l’île et constitué de peuplements très fragmentés et de parcelles agroforestières.
Les forêts publiques regroupent la majorité de la biodiversité forestière. Il faut rappeler que les forêts tropicales sont considérées comme le premier réservoir mondial de diversité biologique terrestre, aussi bien en ce qui concerne les espèces que les habitats et la forêt tropicale humide se distingue particulièrement par sa richesse.

A Mayotte, seules les forêts perchées sur les crêtes (environ 3% du territoire de Mayotte) ont été entièrement épargnées pendant la période d’exploitations agricoles et forestières de l’île et regroupent actuellement la grande majorité des enjeux liés à la biodiversité forestière.

Aux vues des pressions grandissantes sur les forêts publiques, l’État et le Département de Mayotte travaillent activement à la conservation de ces forêts et se sont accordés pour la création d’une réserve naturelle nationale sur les monts et crêtes de Mayotte (environ 3 000 hectares répartis sur les 6 massifs forestiers de l’île). Cette réserve doit voir le jour en 2019 et mettra à disposition des moyens financiers conséquents pour enrayer la perte de biodiversité au sein de ces milieux naturels exceptionnels.

Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à l’étude de préfiguration de création d’une aire protégée en forêts publiques de Mayotte.

Documents à télécharger : 

Benara Sohoa
Benara  Sohoa

II. Les zones humides

Les zones humides sont définies par le code de l’environnement comme « des terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, saumâtre ou salée, de façon permanente ou temporaire. La végétation, quant à elle, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».

12 grandes catégories de zones humides sont identifiées à Mayotte dont les plus remarquables sont les ripisylves mangroviennes, les prairies humides, les lagunes, les forêts d’arrière mangrove, les ripisylves, les complexes de zones humides boisées de plaines intérieures ou de plaines alluviales.

La cartographie des zones humides de Mayotte a été réalisée par le Conservatoire Botanique National de Mascarin (CBNM) en 2010 sur la base des critères d’identification floristique et morpho-pédologique.

Délimitation des zones humides des communes : 

Les zones humides terrestres de Mayotte couvrent une superficie de 1 643 ha répartie en 47 secteurs de l’île. Elles intègrent des espaces de potentialité couvrant une superficie de 5 175,95 ha. En effet, plusieurs zones humides géographiquement proches font partie d’un même espace de fonctionnalité qui a été perturbée et dont le continuum écologique a été modifié.

À Mayotte, les zones humides sont soumises à un grand nombre de menaces notamment du fait d’une dynamique croissante de la population, entraînant une expansion incessante de l’urbanisation et des cultures. Une diminution de la surface des zones humides est observée depuis de nombreuses années.

Pourtant, les zones humides rendent de nombreux services à l’Homme, notamment la gestion des aléas climatiques assurant ainsi la sécurité des populations. Elles accueillent, par ailleurs, une grande biodiversité de plus en plus menacée à l’échelle du territoire.

La DEAL élabore actuellement un plan d’actions en faveur des zones humides de Mayotte, qui a pour objectif de mettre en œuvre à Mayotte des actions techniquement et financièrement réalisables en lien avec tous les acteurs locaux afin de favoriser la préservation et la reconquête des milieux humides et des services qu’ils rendent.

En outre, le DEAL travaille en lien étroit avec la commune de M’Tsangamouji pour la sauvegarde de la lagune d’Ambato, une zone humide protégée par un arrêté de protection de biotope (AP 51/DAF/2005). Un comité de suivi de la lagune a été mis en place réunissant tous les partenaires pour mettre en œuvre collégialement des actions de conservation sur cette lagune, largement impactée par les activités humaines.

Fiches

III. Les mangroves

mangrove Les mangroves couvrent environ 667 ha soit 1,8 % de la surface de l’île et 76 km de linéaire côtier (29 % du littoral mahorais). Depuis 2017, la quasi-totalité des mangroves est propriété du Conservatoire du Littoral.
Situées sur le littoral, à l’interface terre-mer, les mangroves sont des écosystèmes tropicaux qui présentent un intérêt pour leurs rôles écosystémiques essentiels en terme écologique et de protection du littoral.

Les mangroves participent significativement à l’équilibre des systèmes biologiques et sédimentaires du littoral et du lagon. Elles constituent à ce titre un patrimoine naturel remarquable à forte valeur économique, reconnu par les institutions nationales et internationales. De par leurs rôles utilitaires multiples (lieu de nidification, de nourrissage et de reproduction pour la faune, protection contre l’érosion marine, épuration de la ressource en eau, rétention des sédiments issus de l’érosion, paysage original…), les mangroves constituent des écosystèmes capitaux pour l’avenir de l’île de Mayotte. En tant que véritable infrastructure naturelle, elles contribuent, à moindre coût, à garantir une durabilité des ressources indispensables aux populations locales.

A Mayotte, les mangroves sont bien développées, particulièrement en fond de baie, bénéficiant de la protection du récif-barrière. Lieu charnière entre terre et mer, il s’agit d’un écosystème complexe, recevant les flux des bassins-versants et ouvert, en aval, sur le littoral soumis à l’hydrodynamisme lagonaire.

Les mangroves font hélas l’objet d’agressions multiples. Leur dégradation est liée aux travaux de remblaiement engagés pour la construction d’infrastructures et d’urbanisation littorale, mais aussi liée aux pollutions issues du milieu terrestre mettant à rudement à l’épreuve leurs capacités épuratoires. L’arrière mangrove est la formation la plus menacée, lorsqu’elle existe encore. L’agriculture vivrière, les constructions illégales et le dépôt de remblais sauvages grignotent et finissent à venir à bout de ces forêts marécageuses en parfaite continuité écologique avec la mangrove.

Les conséquences, directes ou indirectes, de la dégradation des mangroves et des arrières mangroves associées sont nombreuses : envasement du lagon, diminution des ressources halieutiques, augmentation des risques naturels… Cette situation implique un risque de déséquilibre irréversible sur le long terme et par conséquent un coût économique considérable.

Pour plus d’informations :

IV. Le littoral

Le littoral de Mayotte fait la transition entre la terre et la mer. Il concentre les activités humaines mais est aussi soumis à d’importants risques naturels et aux évolutions climatiques.
Le littoral est soumis à de nombreuses pressions anthropiques (urbanisation, destruction de la mangrove et de l’arrière-mangrove, etc.). En conséquence, la biodiversité liée à l’espace littoral est la plus menacée à l’échelle du territoire.

Le Conservatoire du littoral, est un établissement public de l’État, sous tutelle du Ministère chargé de l'écologie.
Il mène, « une politique foncière de sauvegarde de l’espace littoral, de respect des sites naturels et de l’équilibre écologique ». Le développement de partenariats avec les collectivités territoriales est inscrit dans le code de l’environnement et dans les principes fondateurs de la mission de l’établissement.

A Mayotte, le conservatoire du littoral mène une politique d’acquisition foncière active sur le littoral, permettant :

  • une protection des écosystèmes littoraux,
  • le maintien des grandes entités paysagères naturelles en stoppant l’urbanisation,
  • l’encadrement des activités économiques et l’accueil du public dans un objectif de découverte et de sensibilisation.

Actuellement, le Conservatoire du littoral protège un peu plus de 2 000 ha incluant tous les îlots du lagon (sauf l’ilot M’bouzi), la quasi-totalité des mangroves, de nombreuses plages, des falaises littorales, le lac Karihani, la presqu’île de Saziley. Les sites majeurs font l'objet d'un plan de gestion. Quelques-uns de ces sites sont délégués en gestion au Conseil départemental : Vasière des badamiers, pointes et plages de Saziley Charifou, lac Karihani, cratères et plages de Petite Terre. De nombreux sites du conservatoire sont donc dépourvus de gestionnaire. L'un des enjeux majeurs du Conservatoire du littoral est donc de développer des partenariats et de déléguer la gestion de ses sites.